La Force du Destin à L'Opéra de Lyon: les magistraux adieux de Rustioni
La Force du Destin à L'Opéra de Lyon : les magistraux adieux de Rustioni “Le plaisir de la soirée réside avant tout dans la fosse, où Daniele Rustioni fait des adieux magistraux au public. La partition respire, resplendit, s’assombrit, voyage, vit pleinement sous la baguette experte. Elle n’a plus un rythme mais un pouls. Les nuances sont si riches qu’elles en deviennent presque des couleurs à part entière. Tout coule de source, tout est mesuré, maîtrisé, sans jamais perdre de la vie qui bat ici dans chaque ligne de notes. On voit presque physiquement ce tourbillon musical du thème présent dès l’Ouverture, hantant la partition jusqu’à la fin. En entendant de telles prouesses, on prend conscience que la direction musicale n’est pas qu’un travail : elle est véritablement un art lorsqu’elle atteint un tel niveau. Ce dernier ne serait naturellement pas possible sans l’immense talent de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, attentif à chaque geste, à chaque souffle, à chaque note, offrant de son souffle pour faire battre les poumons de la partition. …la fosse prend le relai pour un renouvellement perpétuel de bonheur dans une interprétation offrant tout le relief de la soirée, appuyé également par les voix des solistes et des chœurs. On retiendra donc avant tout la révélation d’Ariunbaatar Ganbaatar et ce magistral adieu musical du chef qui, à n’en pas douter, aura toujours sa place dans le cœur du public lyonnais.” OperaOnline, Elodie Martinez https://www.opera-online.com/fr/columns/elodie/la-force-du-destin-a-lopera-de-lyon-les-magistraux-adieux-de-rustioni
“Musicalement, le bonheur est heureusement et assurément au rendez-vous pour l’auditoire, en premier lieu avec l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de Lyon. Pour sea dernières prestations à la tête de l’Orchestre, Daniele Rustioni se surpasse visiblement en verdien passionné. Dès l’ouverture percutante, mais tout empreinte d’un dramatisme mesuré et d’une cohérence qui ne se relâche à aucun moment, le maestro fait pleinement résonner les lignes de force et les crêtes de la musique de Verdi tout en laissant s’exprimer les chanteurs tout le long de la représentation et sans contrainte. Ces derniers bénéficient de fait d’un soutien plus que précieux qui leur permet de donner pleinement vie à leur personnage (à défaut d’être guidés au plan scénique). …Le public de la première salue sans réserve les interprètes du spectacle, dont Daniele Rustioniovationné tout comme la clarinette solo de l’orchestre Ángel Martín Mora que le chef a invité aux saluts finaux” Olyrix, José Pons https://www.olyrix.com/articles/production/8157/la-force-du-destin-verdi-opera-lyon-festival-14-mars-2025-article-critique-compte-rendu-rustioni-mondtag-streck-vergho-briegle-kearns-sabirova-massi-ganbaatar-pertusi-barakova-bordogna-pawnuk-pittari-flory-santos
“Heureusement, le plateau vocal réserve des bonheurs, sous la direction musicale d’un Daniele Rustioni qui équilibre à merveille scrupules musicaux et fièvre théâtrale. …Et c’est une fois encore sur le front de Daniele Rustioni que nous déposons tous nos lauriers. Même gâchée par les gesticulations du spectacle, l’Ouverture brille déjà par l’alliage d’élégance et de fermeté dont le chef la pare. Ces qualités se confirmeront pendant tout l’opéra, unifiant le disparate de l’écriture, la délestant de son clinquant au profit d’une grande délicatesse dans les détails instrumentaux – les bois se couvrent de gloire dans leurs solos, en particulier la clarinette d’Angel Martin Mora, que le maestro fait monter sur scène lors des saluts. Tous ces scrupules musicaux ne sauraient cependant brider la dynamique du discours. Au contraire : le pouls du théâtre palpite sous cette battue agile et fiévreuse, à laquelle répondent tous les pupitres de l’orchestre, ainsi qu’un chœur magnifique dans son unité et sa ferveur.” Diapason Magazin, Emmanuel Dupuy https://www.diapasonmag.fr/critiques/a-lopera-de-lyon-une-force-du-destin-de-verdi-decousue-54945.html#la-force-du-destin-de-verdi-55001#item=1
« De quoi passer une vraie bonne soirée d’opéra dans les bras de Daniele Rustioni, le plus Verdien des chefs de la nouvelle génération. Pour sa dernière à Lyon comme directeur musical, il aura fait vibrer dès l’ouverture l’intermittence dramatique presque impraticable de La Force du destin, en lui offrant intensité et cohérence musicales. Il est monté saluer sur scène le soir de la première avec le clarinette solo (Angel Martin Mora), toujours annonciateur du drame chez Verdi. La grande classe. » La Tribune de Lyon, Luc Hernandez https://tribunedelyon.fr/sorties/classique/la-force-du-destin-le-palais-ideal-du-facteur-verdi/
« Absente de la scène lyonnaise depuis quarante-cinq ans, la Force du destin bénéficie de la direction époustouflante de Daniele Rustioni et d’une mise en scène iconoclaste mais efficace de Ersan Mondtag …Dans la fosse, Daniele Rustioni livre une lecture proprement électrisante de la partition et conduit, comme à l’accoutumée, les forces de l’Orchestre de l’opéra de Lyon avec un sens dramatique stupéfiant, conjuguant virtuosité et élégance, toujours attentif aux changements de registre grâce auxquels le théâtre est tout autant dans la fosse que sur scène. » PremièreLoge, Jean-François Lattarico https://www.premiereloge-opera.com/article/compte-rendu/production/2025/03/15/la-force-du-destin-lyon-critique-hulkar-sabirova-riccardo-massi-ariunbaatar-ganbaatar-daniele-rustioni-ersan-mondtag/
La Force du destin : Rustioni quitte l'Opéra de Lyon en beauté “Musicalement, la soirée offre plusieurs satisfactions, à commencer par la direction de Daniele Rustioni : si le spectacle, dans son aspect visuel, ne dessine guère de trajectoire dramatique forte, la musique s’en charge. Les « scènes de genre » qui émaillent la partition n’apparaissent que comme des parenthèses dans la progression implacable de cette histoire de haine empreinte de racisme, ponctuée par le retour haletant du motif du destin. Rustioni déploie sous les voix – auxquelles il prête une attention constante – un tapis sonore d’une grande richesse et d’une somptueuse variété de couleurs, étant particulièrement attentif aux fortes oppositions rythmant la partition : le contraste entre les martèlements de l’orchestre ff annonçant l’arrivée de Leonora mourante et l’infinie douceur des cordes refermant l’opéra après l’ultime « Salita a Dio! » du Supérieur en est un parfait exemple. …Cette série de représentations constitue en quelque sorte « l'au revoir » de Daniele Rustioni au public de l'Opéra de Lyon, qui devient désormais « chef principal invité » au Metropolitan Opera de New York, où il dirigera trois productions dès la saison prochaine.” Bachtrack, Stéphane Lelièvre https://bachtrack.com/fr_FR/critique-verdi-la-force-du-destin-opera-de-lyon-rustioni-mondtag-sabirova-massi-mars-2025/amp=1
“Dans cette Force du destin de Giuseppe Verdi, dans le cadre du Festival de Printemps de l’Opéra de Lyon, deux protagonistes forcent l’admiration : le baryton Ariunbaatar Ganbaatar et le chef Daniele Rustioni. Ce sont les héros de la soirée. Le chanteur venu de Mongolie fait une entrée fracassante dans le monde des chanteurs verdiens. Sa scène du III (« Urna fatale ») est un des grands moments du spectacle. Quant au chef, il conduit son orchestre avec une précision et un panache exemplaires. Au moment des saluts, lorsqu’il est arrivé sur scène, la salle s’est levée. C’était l’apothéose d’une grande et belle soirée. …Les Chœurs de l’Opéra national de Lyon sont éclatants. Le chef leur donne un élan considérable. Et là, on en revient à l’excellence de Daniele Rustoni. Ce spectacle, c’est la force du destin… et de Rustioni !” ClassiqueNews, André Peyrègne https://www.classiquenews.com/critique-opera-lyon-opera-national-le-17-mars-2025-verdi-la-force-du-destin-h-sabirova-r-massi-a-granbaatar-ersan-mondtag-daniele-rustioni/
“Im Graben verordnet Daniele Rustioni dem Orchester der Oper Lyon dramatischen Schwung, ohne die Sängern zu überdecken. …Das gilt auch für den von Benedict Kearns und Guillaume Rault einstudierten Chor. Zustimmender Beifall für alle.” KlassikInfo, Roberto Becker https://www.klassikinfo.de/la-forza-del-destino-in-lyon/
“In Lyon – nach der Opéra de Paris Frankreichs zweitbedeutendstem Musiktheater –inszenierte er eine der komplexesten Verdi-Opern mit Kostümen von Teresa Vergho. Musikalisch gestaltet das Chefdirigent Daniele Rustioni mit klarer Rhythmuskante und schwelgend-schönen Melodiebögen kundig souverän, mit schlankem Sinn und blühender Sinnlichkeit. Auch mit Sarkasmus und bitterem Witz, darin Mondtag nicht unähnlich. Leider wechselt Rustioni als ständiger Gast an die Metropolitan Opera.” Welt, Manuel Brug https://www.welt.de/kultur/article255716706/Ersan-Mondtag-in-Lyon-Hier-vernichtet-das-Schicksal-alle-nur-nicht-Deutschlands-jungen-Regie-Star.html
“Parce que oui, dans la trame guerrière de La Force du Destin, les individus sont broyés, emportés dans la spirale infernale de la vengeance. Le jeune prince déchu Alvaro, interprété par un Riccardo Massi aux aigus triomphants, parfaitement verdien comme son compatriote Daniele Rustioni à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon…” ClassyKeo, Olivier Delaunay https://www.classykeo.com/2025/03/17/le-cote-obscur-de-la-force/
« Les meilleures choses ont une fin…cette production de La forza del destino marque la fin du mandat de Daniele Rustioni, chef principal de l’Opéra national de Lyon depuis 2017, maison dont il devint le directeur musical en 2022. Les succès obtenus ces dernières années sont nombreux. On pense en priorité au répertoire italien [lire nos chroniques de Simon Boccanegra, Don Carlos, Tosca à Aix-en-Provence, Falstaff, I due Foscari, Adriana Lecouvreur, La fanciulla del West et Andrea Chenier], mais on garde aussi en souvenir plusieurs autres compositeurs merveilleusement servis, comme Berg, Berlioz, Halévy, Massenet, Ravel, Rimski-Korsakov, Strauss, Tchaïkovski ou Wagner [lire nos chroniques de Wozzeck, Béatrice et Bénédict, La Juive, Hérodiade et Manon, Shéhérazade, Le Coq d’Or, Die Frau ohne Schatten, L’Enchanteresse et La dame de pique, enfin Tannhäuser]. Nommé premier chef invité du Metropolitan Opera (New York) c’est-à-dire seconde baguette après Yannick Nézet-Séguin, on lui souhaite pleine réussite outre-Atlantique, tout en espérant le retrouver parfois dans l’Hexagone. Une fois encore, Rustioni enchante au cours de cette Forza del destino par une direction globalement classique qui n’exclut pas de petites originalités. Ainsi, dès l’Ouverture, certains tempi ralentissent sensiblement pour amener encore davantage de douceur et de délicatesse aux passages les plus doux. À l’opposé, plusieurs tutti majestueux se déchainent lorsque participent les cuivres, l’Orchestre de l’Opéra national de Lyon répondant avec célérité aux demandes de nuances. À noter la très belle introduction à la clarinette de l’air d’Alvaro, au troisième acte, l’instrumentiste venant se présenter au salut final. Il faut aussi louer la bonne tenue du Chœur, préparé par Benedict Kearns, aussi bien dans les nuances forte que piano.» Anaclase, Irma Foletti https://www.anaclase.com/chroniques/la-forza-del-destino-la-force-du-destin-2
“Payoff, however, had been assured from the initial, famed thematic statement, the Opéra de Lyon’s music director Daniele Rustioni magisterially presiding. It was a virtuoso performance of the overture, the bright sound of the Opéra Nouvel (named after its architect) adding considerable excitement and import to Verdi’s unstoppable counterforce to ineluctable doom. The maestro’s rhythmic force remained epic, a constant through the struggles over the acts of the protagonists, the exhortations of the gypsy fortune teller to the soldiers, the Padre Guardiano’s admonitions to the monks, and the suffering of the masses. …Mention must be made of the huge contribution of the chorus to Verdi’s sprawling epic. The Opéra de Lyon’s chorus was indefatigable, never losing its fine tone amidst Mr. Mondtag’s complex staging. The smaller roles as well reflected the production’s high level casting.” OperaToday, Michael Milenski https://operatoday.com/2025/03/la-forza-del-destino-in-lyon/
“Daniele Rustioni n’a pas choisi la facilité pour ses adieux à l’Opéra de Lyon. La Forza del Destino est une œuvre certes célébrée, mais moins fréquente sur les scènes (c’est une création à l’Opéra de Lyon si je ne me trompe), d’une part à cause des exigences vocales énormes qui exigent six protagonistes de premier plan à qui Verdi n’a fait aucun cadeau et d’autre part à cause de l’hétérogénéité de l’œuvre à la dramaturgie réputée erratique qui fait de toute mise en scène un défi. …En revanche en fosse, devant ce monstre scénique qui crache des fumées de tous les trous et les pores, Daniele Rustioni peut se sentir un peu seul à la barre d’un navire en tempête, mais il réussit à servir sans doute la plus belle direction musicale de l’œuvre depuis bien des années, qui rend un Verdi vibrant, juste, multiple, émouvant, dramatique et urgent. Verdi comme on l’aime et comme il doit l’être. Lyon voit partir un chef qui a illuminé la musique dans cette maison, dans la lignée des Gardiner et Nagano, illustres prédécesseurs. …La direction musicale Et puis, il y a Daniele Rustioni, dans un adieu verdien incroyablement convaincant. On connaît les qualités de ce chef et d’abord un sens dramatique aigu et un sens du théâtre, dans une science de « l’impulsion » qui emporte. Sans doute le soin mis à élargir son répertoire et à travailler régulièrement aussi le répertoire symphonique a non pas atténué ces qualités d’énergie et de vivacité qu’on lui connaît depuis toujours, mais approfondi les lectures des partitions et notamment verdiennes, en travaillant sur les accents, sur la couleur, sur les reflets, sur la texture, sur la valorisation des instruments singuliers (ici par exemple les bois et notamment le clarinette solo Ángel Martín Mora invité à saluer avec lui) sans jamais donner trop dans le volume, mais soignant la fluidité, la continuité du discours et montrant les subtilités de l’écriture de Verdi. La manière où dans l’ouverture, il travaille sur la légèreté des cordes, notamment dans la partie finale où Verdi joue à la fois sur l’allègement et le rythme, est étonnante, sans rien lâcher de la tension dramatique, sans rien concéder au spectaculaire là où c’est si facile d’aller jusqu’à la vulgarité… Rustioni reste toujours à la fois tendu et élégant, et surtout, il accompagne et soutient les chanteurs de manière continue, sans être aidé par la mise en scène. On est loin de la Gesamtkunstwerk parce que l’impression est que la mise en scène s’occupe onanistiquement d’elle-même, comme la reine de Blanche Neige au miroir et laisse la musique se débrouiller alors que dans une œuvre pareille, les systèmes d’écho entre plateau et fosse renforceraient l’effet dramatique : alors le théâtre est dans la fosse et pas sur scène. Daniele Rustioni est maître des rythmes et des couleurs, et il travaille avec attention à soutenir les voix, en travaillant sur le tempo par exemple quand il vaut mieux accélérer pour éviter de mettre la voix en difficulté. On l’entend tellement quand les chanteurs comme Bordogna ou Pertusi chantent, mais aussi dans l’air Urna fatale del mio destino chanté par Ariunbaater Ganbaatar : il y a une osmose entre les accents de la fosse et les accents sur le texte, et là, on fait de la musique. Et puis à d’autres moments, l’orchestre est comme une béquille, il masque les insuffisances, facilite les passages, évite de laisser la voix seule en rase campagne : c’est tellement net dans le premier air de Leonora (Me pellegrina ed orfana) où il est vrai, la chanteuse est encore hésitante et la voix un peu froide bouge, l’orchestre est présent, discret, donnant le rythme, mais laissant la voix de la chanteuse prendre sa place, sorte de tapis sonore de sécurité, pour immédiatement accélérer vivement au moment de l’arrivée d’Alvaro dans son wagonnet. On sent dans ce travail non seulement une étude approfondie de la partition, avec sa variété et son sublime (La vergine degli Angeli) et sa fausse vulgarité (le Rataplan, aux couleurs ironiques chez Verdi) et un grand souci de souligner en particulier dans cette œuvre la dramaturgie verdienne, de montrer les cohérences internes là où beaucoup voient un patchwork. Plus j’écoute cet opéra, plus j’en constate la difficulté mais aussi la cohérence, une cohérence qui est celle de vouloir montrer la vie, le bien, le mal, le comique, le tragique, la guerre, la paix, c’est-à-dire de mettre en scène et en musique une totalité, en une sorte de défi où le chef doit absolument trouver une juste couleur. C’est pourquoi ici Rustioni n’a plus la fougue des premières années, mais une approche réfléchie, nourrie par l’expérience, y compris par des expériences apparemment aux antipodes comme Strauss ou Berg. Parce qu’elles aident à remettre au premier plan le tissage texte et partition qui chez Verdi est essentiel : c’est quand le texte s’entend avec ses accents et qu’on entend en fosse les échos que la force est maximale. Sinon, c’est un soufflé qui ne monte jamais. Je l’écris souvent : Verdi souffre d’être un auteur aplati par le répertoire et réussir Verdi, notamment ce Verdi-là est bien plus difficile que n’importe quel Wagner, Wagner se sauve toujours même dans des cas douteux et avec des distributions moyennes. Le problème de Verdi, c’est qu’il ne supporte pas la médiocrité. En saluant l’opéra de Lyon par la Forza del Destino, Rustioni montre qu’il a tout d’un grand chef, avec un répertoire large (il fera Ariadne auf Naxos et Mazeppa à Munich) et son futur statut au MET de New York en est aussi la preuve. On est seulement un peu perplexe qu’après ces années (depuis 2017) où il a complètement transformé le son de l’orchestre, et créé entre lui et les musiciens une telle confiance et une telle osmose que le son de la phalange en est méconnaissable, plus souple, plus adaptable, plus virtuose aussi, l’Opéra de Lyon n’ait pas pris l’initiative d’un concert symphonique d’adieu, ou d’un moment d’adieu public qui eût rendu justice à tout ce travail…” Wanderer, Guy Cherqui https://wanderersite.com/opera/la-forza-del-destino-a-lyon-indiana-jones-chez-les-lapins/
“L’atteso titolo verdiano (il teatro registra il tutto esaurito in ogni replica) è anche l’occasione per Daniele Rustioni di salutare il pubblico lionese, prima di partire oltreoceano con il ruolo di direttore ospite principale del Met. Quale arrivederci migliore, allora: perché la Forza è chiaramente nelle corde di un Rustioni, la cui direzione brilla per raffinatezza e cura dei dettagli. Fin dalle prime, celeberrime note dell’ouverture: quando ai secchi mi degli ottoni risponde prima la melodia di un clarinetto luminoso e poi un canto sognante degli archi. Rustioni si agita sul podio per disegnare una a una le frasi, per sottolineare accenti e articolazioni talvolta insolite, o per graduare un crescendo di rara intensità drammatica. Qualche tempo, nelle arie e negli insiemi (l’introduzione del secondo atto, per esempio), più largo di quanto si suole ascoltare dà l’idea di un tono elegiaco che attraversa l’opera: ma è una relativa calma che non diminuisce la tensione scenica. Merito anche di una orchestra dell’Opera di Lione in splendida forma che segue pedissequamente le indicazioni del suo direttore e non finisce mai a ridurre la scrittura verdiana agli zumpappà. …Ecco, la musica di Verdi: vera trionfatrice di questa serata portata sullo scudo dalla direzione eccellente e ispirata di Daniele Rustioni, salutato da acclamazioni trionfali di un pubblico che, siamo certi, ne sentirà la nostalgia.” Connessi all’Opera, Federico Capoani https://www.connessiallopera.it/recensioni/2025/lione-opera-national-de-lyon-la-forza-del-destino-direttore-daniele-rustioni/
Adieux triomphaux pour Daniele Rustioni “Le miracle pour tous d’assumer sans faiblesse un parcours exténuant Grand vainqueur de la soirée, Daniele Rustioni s’investit comme si sa vie en dépendait dans la direction musicale, entraînant son orchestre dans une exécution hypertendue, urgente, incisive et clairement inscrite dans la filiation d’un Riccardo Muti ou d’un Julius Rudel, à l’opposé d’une lecture analytique style Giuseppe Sinopoli. Même si nous avouons préférer à ces deux conceptions antithétiques celles, médianes, d’un Tullio Serafin ou d’un Thomas Schippers, nous adhérons à ce que nous entendons ce soir, dans la mesure où les instrumentistes ou chanteurs se surpassent, parvenant à soutenir cette vision éruptive. En admettant que certains passages précis souffrent un tantinet face à la précipitation (dont : plusieurs sections du duo Leonora / Padre Guardiano ; la scène dans l’église abbatiale concluant le II ; le duo Guardiano / Fra Melitone…), force est de rendre les armeslorsque l’on assume aussi crânement un tel déchaînement volcanique, ce dès l’ouverture, parmi les plus prestes jamais entendues (quels secs et tranchants accords initiaux des cuivres ! Quels traits inouïs des cordes !). Bousculés dans notre confort d’écoute, nous nous inclinons devant une telle conviction. Si aucun pupitre ne démérite dans une phalange si galvanisée, relevons néanmoins les prestations à chérir suivantes : Nicolas Gourbeix au violon solo en portique au dernier tableau du II ; 1ère clarinette envoûtante d’Angel Martin Mora au prélude à l’air d’Alvaro en début du III et les harpes magiques, très sonores, tenues par Joanna Ohlmann et Anne-Sophie Pannetier tout au long du parcours. Ajoutons à ce tour d’horizon deux réalités importantes. D’abord le miracle pour tous d’assumer sans faiblesse un itinéraire exténuant (car un second entracte eût été nécessaire après le III pour “récupérer” – ne nous leurrons pas : son absence trahit les contraintes budgétaires actuelles, nécessitant de terminer suffisamment tôt pour éviter le paiement de “services” supplémentaires). Ensuite, une curiosité frappante : le choix, cautionné par Rustioni, d’intervertir les deux derniers tableaux du III. Ainsi, le violent duo de révélation entre Alvaro et Carlo, précédé du chœur de ronde « Compagni sostiamo », se trouve décalé après le grand tableau truculent du campement militaire. Dans la mesure où ce dernier n’atteint pas à la réussite souhaitée (l’essentiel se déroulant dans un théâtre aux armées installé dans les ruines d’un vieux cinéma à moitié dévasté), nous avouons n’avoir ressenti aucune gêne, d’autant que cette liberté permet au ténor et au baryton une meilleure récupération autant qu’elle traduit un plus plausible écoulement du temps entre la blessure d’Alvaro puis sa guérison, point qui nous a perpétuellement turlupiné depuis un demi-siècle. Fait exceptionnel : nous agréons donc cette interversion, d’autant que Rustioni n’effectue aucune coupure par ailleurs dans cette seconde mouture, dite “de Milan”. Mille louanges doivent s’adresser aux chœurs, soutenant ce soir la comparaison avec les plus prestigieuses forces des plus grandes maisons d’opéra. Netteté, précision hors pair, contrôle dans l’émission, coordination parfaite, alignements superlatifs au sein des unissons. Sur ce dernier point, l’on ne manquera pas d’observer qu’en étant seulement une vingtaine, les hommes donnent l’impression d’un effectif double dans la conclusion du II. Côté dames, nous admirons surtout la variété des coloris déclinés selon les personnages incarnés ou maintes inflexions sur les mots-clefs. Que l’on soit redevable d’un si brillant résultat à Benedict Kearns et Guillaume Rault ne fait aucun doute. Mais qu’il soit permis d’ajouter combien Daniele Rustioni lui-même a une part prépondérante dans ces splendeurs vocales déployées. …Au terme du parcours, les exécutants se sont hissés à un tel niveau que l’on tire une légitime fierté du travail accompli à l’Opéra de Lyon. Décernons un prix d’honneur au Maestro Daniele Rustioni. Pour son ultime opéra en tant que directeur musical céans, il peut s’enorgueillir d’avoir conjugué la tension et la fougue avec un sens suprême de l’architecture. Avec ces adieux triomphaux, il nous quitte sur une réussite mémorable. Lyonnais, suivez-le désormais dans sa carrière internationale ou… pleurez en silence… !” Résonances Lyriques, Patrick Favre-Tissot-Bonvoisin https://resonances-lyriques.org/opera-de-lyon-22-mars-2025-la-forza-del-destino-de-giuseppe-verdi-adieux-triomphaux-pour-daniele-rustioni/